Me and my broken heart

Je dépose mon téléphone sur ma table de nuit. Je ne pensais pas avoir de nouvelles de Damien. Après tout, cela fait quoi deux semaines que l’on a coupé contact ? Je pensais le dissuader en utilisant que des émojis. La menace de se présenter chez moi a été vite énoncée. On approche les 22 h, ce n’est pas une heure pour débouler chez les gens. De plus, je ne suis pas obligé de lui ouvrir la porte, non ? Je quitte mon lit pour me rendre dans la salle de bain. Ma routine avant le coucher est enclenchée. Je sais que le sommeil risque de me bouder encore une fois. Après une douche rapide, j’enfile un vieux t-shirt ainsi que le jogging que Damien m’a prêté. Je sais, je suis d’un ridicule. Je devrais lui rendre. Mettre un terme à toute cette histoire. Mon regard croise mon reflet que me renvoie le miroir. J’ai des yeux de lapins et des cernes assez prononcés. Je pourrais compétitionner pour ressembler à un raton laveur. Je dois dormir. Dexter vient se coller contre mes jambes en ronronnant. Je me penche pour le prendre dans mes bras. « Oui, je retourne dans mon lit. » Dexter ne me quitte plus. Quant à Morgan il surveille le reste de l’appartement. Je gagne ma chambre en me roulant en boule sous les couvertures. Mon ordinateur portable allumé sur Netflix. Un écouteur dans l’oreille, j’enclenche une série au hasard. Mes yeux rivés sur l’écran. J’ai du mal à comprendre l’intrigue. Signe de ma fatigue. J’entends soudain un bruit dans mon appartement. « Miaou. » Un miaulement de la part de Morgan. Dexter quitte aussitôt ma chambre pour aller voir son frère. Purée, Morgan a probablement envie de jouer. Pourtant, j’entends un juron bien senti. Merde, il y a quelqu’un chez moi ?! Car je ne pense pas que mes chats ont appris à parler l’humain. « Raph ? C’est toi ? » Ça ne peut qu’être lui. Il rentre chez moi comme dans un moulin. Il est bien capable de débarquer à l’improviste pour vérifier que je ne fasse pas une bêtise. Il ne va pas s’en aller avant de m’avoir vu. Résignée, je prends une position assise dans mon lit. Le dos contre les coussins. « Je suis dans ma chambre. » La lumière du corridor est allumée. J’entends des pas qui se dirigent vers ma chambre. Il me soûle à me couver comme une poule. « Bon tu vois, je suis… » Ma voix s’étrangle dans ma gorge en voyant Damien sur le pas de ma chambre. « Qu’est-ce que tu fous là ? Comment tu es rentré ?! » Je suis sidérée de le voir là. Il ne rigolait pas ! Je pensais avoir réussi à le sortir de mon système. Pourtant, mon cœur me trahit, car mon pouls s’accélère à sa simple vue. Ces deux semaines ont été difficiles, le voir là debout devant moi me rappelle avec douleur qu’il me manque ! Mes sentiments que j’ai tenté de refouler au plus profond de moi reviennent comme s’ils ne m’avaient jamais quitté. Mon regard s’arrête sur son accoutrement. Il y a des béquilles et une attelle. « Qu’est-ce qui sait passé ? » Je soupçonne mon frère d’y être pour quelque chose, malgré que, je lui expressément interdit. Je lui indique le coin de mon lit du doigt. « Assis-toi, ça doit être douloureux. » Je ramène mes genoux contre ma poitrine en les entourant de mes bras en signe de protection. « Alors, qu’est-ce que tu voulais me dire de si important… » Vient-il finir le travail ?

Je dois bien lui donner ça. Il y a du cran de se poindre le bout du nez chez moi, à une heure aussi tardive. Je me suis imaginé à de nombreuses reprises une scène dans laquelle nos chemins se croisent de nouveau. Je m’imaginais lui envoyer dans la gueule les pires insultes dans les trois langues que je maîtrise. Il est beaucoup plus simple de haïr la personne pour oublier. Le voir à quelques pas de moi, debout, dans une position relativement précaire ne me procure aucun plaisir. Je m’inquiète même de sa situation. S’il me dit que l’un de mes frères est moindrement impliqué dans sa blessure. Je jure par Odin qu’ils vont manger leurs prochains repas à la petite cuillère. La violence appelle la violence. Je l’ai dit, mainte et mainte fois à Raph. « La clé de secours… Tu étais prévenue que j’allais arriver… je ne te mentais pas quand je te disais que je me faisais du souci pour toi. » Il a raison. Il m’avait effectivement prévenue. Un regard rapide sur mon téléphone placé bien en évidence sur ma petite table de chevet. Je passe ma langue sur mes lèvres. La clé de secours bien sûr. Il est l’un des privilégiés à connaître ma petite cachette. « Je ne t’ai pas envoyé un pouce, mais un ours… » Comme si cette différence avait de l’importance. Je glisse une main dans mes cheveux en soupirant. Je dois lui renvoyer une bien piètre image de ma personne. Le manque de sommeil ainsi que mon incapacité à me nourrir correctement à un effet plutôt dévastateur sur mon corps. J’ai conscience que je ne pourrais pas avancer sur cette voie d’autodestruction encore bien longtemps. Je le questionne sur son état physique, mais il élude ma question. Il ne fait pas non plus un geste pour venir prendre place sur le bout de mon lit. Je vois bien qu’il souffre. Il s’obstine tous de même à rester debout. Bon, qu’il en soit ainsi alors. « Je t’écoute… » Je me prépare mentalement à la souffrance que vont me causer ses paroles. « M’excuser. Tout ce que je t’ai dit, j’en suis sincèrement désolé. Je sais que ça n’excuse pas tout, que j’ai été plus que con d’avoir osé penser tout ça. Tu aurais toutes les raisons du monde de me virer de chez toi à cet instant. Mais je t’en prie, laisse moi juste finir. J’ai agi comme un idiot finit, je ne cesse de me le répéter depuis deux semaines maintenant. Je n’ai jamais voulu te faire du mal, crois-moi. Toutes les plus belles excuses ne pourraient pas me servir en ce moment, je le sais. Mais je sais aussi qu’une part de moi a réagi bêtement, car j’ai mal interprété des choses. » Je lève la tête pour regarder Damien. Il est vraiment là pour s’excuser. Il arrête de parler. Je le vois bien qui cherche ses mots. Signe évident qu’il n’a rien prémédité. Ce n’est pas un texte appris par cœur, mais bien des mots qui viennent du cœur. « Honnêtement, une part de ce que tu as dit était vraie, plus que tu ne peux te l’imaginer, je pense. Mais je sais aussi que quand je disais que tu étais la seule femme que j’avais envie de voir, que tout en toi m’attirait, je ne mentais pas. Tu as un effet sur moi, sur ma vie, tout en positif. Ingrid, tu ne peux pas t’imaginer à quel point. Et si je dois te perdre parce que j’ai été assez idiot pour ne pas voir l’évidence, je crois que je ne m’en remettrai pas. Je suis assez doué pour me mentir à moi-même, je le fais depuis pas mal d’années, et là j’ai nié cette évidence en me cachant derrière cette stupide règle… » Ma langue vient claquer contre mon palais. Cette foutue règle. Il en prend l’entière responsabilité. Nous avons été idiots tous les deux. On sait fait du mal involontairement dès le départ. « Et l’évidence c’est que… » Je fronce les sourcils à ses mots. L’évidence c’est quoi ? Je m’attends à peu près à tout et n’importe quoi. « Je t’aime… » Tous les muscles de mon corps se figent, je coupe même ma respiration pendant quelques secondes. « Oh.. » Je porte une main à ma bouche. J’encaisse le choc de cette révélation. Tous se bousculent dans ma tête. « Tu es sûr ? » Je n’arrive pas à me contenir. Ma voix tremble. C’est comme si tout mon corps se remet en fonction. Un rire nerveux s’échappe de mes lèvres. Tandis que des larmes me dévorent à nouveau les joues. Bon, c’est clair, mon cerveau vient de griller. Silencieusement, je lui tends la main pour qui s’approche de moi. Je ne lui donne plus vraiment le choix de venir se poser les fesses sur mon matelas. Ses doigts viennent se nouer aux miens. Un petit frisson de plaisir me parcourt le corps à ce simple contact. Je viens déposer mon front contre le sien en fermant les yeux. Je me concentre sur ma respiration dans l’espoir qu’elle redevienne régulière. « Tu as vraiment pensé que je voulais former un trouple avec toi et Malone ? » Je me redresse pour le regarder dans les yeux. Un début de sourire se dessine sur mes lèvres. « Ikke vær dum.* » Je vois bien qu’il ne comprend pas un traitre mot de ce que je viens de lui dire. Je m’amuse de sa réaction. Délicatement, je viens glisser ma main sur sa joue. Une légère caresse toute en douceur. « Tes excuses sont acceptées. Je t’en dois aussi. Je n’ai pas été très sympa avec toi. » Je grimace quand je me remémore ce que j’ai sournoisement insinué sur sa virilité. « Tu sais joli cœur. Toi qui es tellement au fait des histoires de pirates. Tu devrais savoir qu’il y a toujours, qu’un seul capitaine, jamais deux. » Je marque une pause le laissant analyser ce que je viens de lui dire. Pour lui dire finalement. « Je t’aime aussi… »

Je ferme les yeux quand je l’entends me confier qu’il est sûr de ce qu’il ressent. Il m’aime. C’est fou, comment ces simples mots peuvent effacer des jours et des jours de souffrance. Qu’il accepte de réduire l’écart entre nous en venant s’installer à mes côtés me rassure. Pouvoir le toucher, sentir sa peau sous mes doigts me conforte dans l’idée qu’il est bien là. Ce n’est pas un rêve ou une quelconque hallucination de mon cerveau rongé par la fatigue. Je sens son pouce contre ma joue au même moment que je caresse la sienne. « Tu es vraiment là… » Évidemment, je ne peux pas passer sous silence son allusion au « trouple ». Est-ce qu’il voyait quelque chose que je n’ai pas pu déceler ? À moins que ce ne fût qu’une question de jalousie ? « Au fond, je savais très bien que c’était faux. Je m’excuse aussi pour cette insinuation. » La deuxième option me semble plus probable. Je ne peux m’empêcher de lui envoyer une petite pique en norvégien. C’est plus amusant de le voir galérer à essayer de comprendre ce que je viens de lui dire. Douce vengeance, quand tu nous tiens. « Ne me fais pas parler norvégien, je ne vais pas bien le dire… Tu m’as dit quoi ? Je vais vraiment te demander des cours de norvégien à la fin... » Je me pince les lèvres pour ne pas rire. Je chasse du bout des doigts une mèche rebelle qui lui retombe devant les yeux. « J’ai tout mon temps pour t’apprendre les subtilités de ma langue. » Je marque une pause avant de répondre avec air un peu plus mutin. « Sinon, il y a toujours Google pour t’aider. »  Forcément, j’accepte ses excuses. Il était déjà à moitié pardonné dès que je l’ai vu sur le pas de ma porte. Par contre, je me garde de lui dire cette information. Il refuse mes excuses, selon lui, je n’ai fait que me défendre. Mouais, mais j’ai quand même été méchante. Je préfère ne pas continuer sur cette discussion. On ne va pas créer une seconde dispute juste pour des excuses refusées. Cela serait complètement stupide. Son visage s’illumine quand il comprend que ses sentiments sont partagés. Je sais que c’est un moment décisif quand sa main vient de nouveau caresser ma joue. Son regard vient s’accrocher au mien tandis qu’il penche doucement son visage vers le mien. Mes paupières se ferment doucement dès que ses lèvres entrent en contact avec les miennes. Timide, je viens caresser ses lèvres avec le bout de ma langue pour qu’elles s’ouvrent légèrement. Ma langue vient ensuite retrouver la sienne pour un léger ballet. Purée, j’attends ce moment, depuis si longtemps ! Je pousse un léger grognement de plaisir. Mes mains sont légèrement baladeuses quand elles se font un chemin sous le tissu de son t-shirt. Sa peau est douce. Cela m’amuse de sentir ses muscles vibrés sous les paumes de mes mains. J’en veux plus et le jeune homme ne semble pas contre l’idée. Je rapproche mon corps de lui sans détacher mes lèvres des siennes. Je veux simplement m’installer sur ses genoux quand je le sens gémir contre mes lèvres. Cette fois-ci, ce n’est pas de plaisir. J’arrête tout mouvement. Je réalise que je lui ai donné un léger coup sur sa cuisse droite. « Merde, je suis désolée… » Je reprends ma position initiale, c’est beaucoup plus sage. J’ai les joues en feu et les lèvres légèrement gonflées par ce premier baiser. « Qu’est-ce qui t’est arrivé au fait ? » Lui dis-je en pointant son accoutrement du doigt. Discuter va peut-être m’aider à calmer mes hormones en ébullitions. Ouaip ! Elles sont de retour les mignonnes.

Je me suis légèrement laissé emporter en oubliant que mon pirate est, disons en bien piètre état. Je m’en veux de lui avoir fait mal, surtout que cela ne semble pas être une petite blessure. « Ce n’est pas grave. Déchirure musculaire. Pousser son corps dans ses retranchements n’est pas la meilleure idée en fait. 6 semaines d’arrêts et reprise en douceur du sport. » Mes yeux s’agrandirent de surprise. Purée, il ne va pas de main morte pour se défoncer physiquement. La convalescence risque d’être longue pour lui comme pour moi. « Quand, tu parles de sport, ça inclue tous les sports ? » Je fais une légère moue boudeuse. Rahhh, je vais passer pour une obsédée, maintenant. C’est juste que, merde à la fin, il n’aurait pas pu se fouler une cheville comme tout le monde ? « Tu peux quand même aller à la piscine, non ? Je crois avoir lu que l’eau peut aider dans ce genre de blessure. » Damien m’attire à lui, bien décidé à me garder le plus près de son corps possible. « Et toi ? J’ai peut-être une blessure physique, mais toi non, elle est ailleurs. » Un léger sourire se dessine sur mes lèvres quand je sens son baiser tout doux sur mon front. Je viens frapper le bout de son nez avec mon doigt pour le taquiner. « Ce n’est rien, ça va mieux maintenant. » Enfin, ce n’est pas rien, il ne faut pas déconner. Je sais bien qu’il ne se contentera pas de cette maigre explication. « Si tu parles de l’état lamentable de mon appartement. C’est comme le Feng Shui, mais en version chaotique. » Je me pince les lèvres pour ne pas rire tandis que je renverse légèrement la tête par en arrière pour pouvoir le regarder. « Tu ne me crois pas ? C’est très tendance selon des blogues obscurs sur le web… » Il le voit bien que je le mène en bateau, sauf que là mon bateau prend l’eau. « Je me suis isolée, voilà ce que j’ai fait. Je n’ai fait qu’exister tout simplement. Mon alimentation n’a pas été des plus saines. Je ne mangerais plus de glace avant un long moment. » La petite épicerie de mon quartier a dû faire fortune avec moi. Son chiffre d’affaire sur le rayon surgelé a du faire un bon astronomique. « Tu sais qu’avec ta blessure… c’est abstinence obligatoire. Il n’est pas question que je me risque à te blesser. » Ça ne me fait pas plus plaisir à moi qu’à lui. Je sais qu’il va râler. Qu’il en assume les conséquences. « Il faut que tu voies ça comme la continuité de notre vœu à la con… » Je me mords la lèvre pour ne pas éclater de rire. « Sauf que là, je n’ai plus besoin de jouer dans la subtilité pour te torturer. »  Je me redresse légèrement pour pouvoir avoir accès de nouveau à ses lèvres. Un baiser tout doux et légèrement plus chaste que le premier échangé. Je lui murmure ensuite ses quelques mots. Des mots que je lui ai déjà dit quand il dormait à point fermés. « Eg elskar deg.* » Je me demande bien s’il y a besoin d’une traduction cette fois ? « Tu restes dormir ou tu rentres chez toi, ce soir ? »

Mon manque de subtilité est flagrant. Avant même que ma question quitte mes lèvres, je sais d’ores et déjà qu’il sait à quoi je fais référence. Le petit soupir qu’il pousse me confirme mes appréhensions. « Tous les sports. Bien que mon médecin m’ait fait la réflexion qu’il y a des solutions pour tout. » Une solution pour tout, bien sûr, il en a toujours une. Je reste tout de même peu convaincu. Le risque d’aggraver sa blessure est bien trop grand. Est-ce que ça vaut le coup ? Je veux dire, la danse c’est toute sa vie. Risquer de détruire tout ça parce que je n’arrive pas à gérer mes pulsions. N’est-ce pas égoïste de ma part ? « Je ne sais pas, je m’en voudrais terriblement si au final ta blessure s’aggrave. »  Je lui demande s’il peut aller à la piscine. L’eau peut soulager bien des inconforts. « Oui, ça passe tant que je ne fais pas des folies. Il faut que je fasse attention à remuscler correctement ma cuisse. Tu veux qu’on y aille ensemble ? » Je plisse légèrement les yeux. Faire des folies, hein ? Il n’en est pas question. Je vais veiller à ce que ça n’arrive pas. « Quel genre de folie pourrais-tu faire dans une piscine ? Sauter du tremplin dans ton état ? »  S’il fait ça, je vais commencer sérieusement à douter de son intelligence. Je me redresse pour récupérer mon téléphone sur ma table de chevet. Rapidement, je le déverrouille pour avoir accès à mon navigateur. « Alors, l’école de natation, c’est ce qu’il y a de plus proche de chez toi. Il y a des bains libres, le lundi soir et le vendredi soir. À voir, ce qu’il convient le mieux pour toi. » Mon horaire de travail est beaucoup plus flexible que la sienne. Damien a un commerce à faire tourner. Moi, je peux bosser n’importe où. Il me suffit que j’aie une connexion Internet pour les conversations via Zoom. Je n’ai pas envie de faire accroître sa culpabilité à mon sujet. Alors, je tente de minimiser l’impact de ses deux semaines avec un peu d’humour. Je ne suis pas comme lui, je n’extériorise pas ma peine au point de me déchirer un muscle. Ma méthode est beaucoup plus destructrice. Il n’est pas plus convaincu que Malone au sujet de ma nouvelle déco. « Je vois… Mais ta déco Feng Shui n’est pas la meilleure comme ça, désolé de te dire que tes blogs n’ont pas l’air fiables. On va commander à manger ? N’est-ce pas une excellente idée ? Tu commandes ce que tu veux, tu ne fais pas attention au prix, mais je veux que tu manges. » Le sujet de la nourriture arrive bien vite dans la conversation. « Il est quand même vachement tard… » Le regard que me lance Damien me fait comprendre que ce n’est pas une négociation. En plus, si c’est lui qui paye. « D’accord… pour la peine, je vais commander chez Healthy Attitude. »  Blotti contre Damien, je fais défiler le menu sur l’écran de mon téléphone. Purée, tous me donnent envie. Même mon ventre décide de s’en mêler en émettant un gargouillis sonore. « Je suis trahie par mon propre corps, encore une fois. C’est raté, si je te dis que je n’ai pas faim finalement, hein ? » Mon choix s’arrête finalement sur la salade poulet. Je regarde les smoothies offerts. Par Odin ! Il y a des fraises partout ! J’opte finalement pour le smoothie Apple Queen qui est l'un des seuls qui ne contient pas de fraises. Je lui remets ensuite mon téléphone pour qu’il puisse choisir sa nourriture à son tour. Notre conversation revient sur le sujet de l’abstinence que nous allons devoir nous imposer. La moue qu’il m’offre pourrait presque me faire craquer. « T’es vraiment sûre de toi ? Ah nan on ne parle plus de ce vœu ! T’as vu où ça nous a mené ? » C’est à mon tour de lui offrir une moue à la grumpycat. « Tu n’avais qu’à te fouler la cheville comme les gens normaux. Ainsi, tu aurais pu faire ti-galop, ti-galop. » Son rire est une douce mélodie à mes oreilles. Je vais m’en donner à cœur joie. S’il pense que je vais me gêner ? Damien répond à mon baiser avec beaucoup de douceur. Sa main se glisse doucement dans ma chevelure. Je pourrais presque ronronner de plaisir. Comment a-t-il fait pour trouver aussi rapidement l’un de mes points faibles ? J’adore quand on vient jouer dans mes cheveux. Il n’y a pas besoin de la traduction de ce que je viens de lui dire dans ma langue maternelle. Il me murmure à son tour quelques mots dans sa propre langue. Il me suffit d’un simple regard pour comprendre la signification. Un petit rire m’échappe tandis que je sens mes joues devenir légèrement rouges. La question de son possible départ est soulevée. Je n’ai pas envie de le voir partir, mais je lui laisse tous de même le choix. « Je reste. Ce sera plus facile pour tout le monde. » Je glisse ma langue sur mes lèvres pour ensuite lui sourire. « Excellent choix. » Le carillon de la porte de mon appartement se fait entendre. « Tu te sens OK pour répondre ? » Damien a un peu de difficulté à se mouvoir. Puisque c’est lui qui paye, c’est mieux que ce soit lui qui s’occupe de notre livraison. Je profite de son absence pour retirer son jogging pour enfiler un autre bas de pyjama qui se trouve à porter de main. Il reste pour dormir autant qu’il puisse être confortable. Il revient dans la chambre au moment que j’attache les cordons qui retiennent mon short de nuit à l’effigie de Mickey Mouse en place sur mes hanches. « Ohh, la bouffe ! » Voyant son regard qui me détaille tandis que je m’installe en tailleur, sur mon lit. Mon repas entre les mains. Un sourire mutin se dessine à nouveau sur mes lèvres. « Je n’ai jamais dit que je jouerais franc-jeu avec toi. Tu pourras mettre ton jogging pour dormir. Ça sera plus confortable avec ta blessure. » Je plante ma fourchette dans la salade pour ensuite la porter à ma bouche. Purée que c’est bon !

S’il y a bien quelque chose que je commence à comprendre depuis le début de notre relation. C’est que le système de « timing » n’est jamais de notre côté. Il nous arrive toujours une broutille plus ou moins importante sur le coin de la gueule. C’est à se demander si nos anges gardiens ne picolent pas un peu trop. Il comprend ma réticence, mais entre le comprendre et l’accepter, il y a une différence. La piscine étant une bonne idée pour remettre sur pied ce petit garnement. Je me charge de nous trouver les horaires des bains libres. On va éviter les bains libres avec les enfants. Cela risque d’être un peu trop dangereux pour Damien. Je l’informe des deux journées qui sont offertes à la piscine la plus proche de chez lui. « Non, mais trop forcer. Tu crois vraiment qu’on m’autoriserait à plonger en me voyant boiter ? Lundi soir. C’est le jour de fermeture de la librairie, ce serait plus facile pour moi. Promis tu m’accompagnes hein ? » Je fais une légère moue tout en réfléchissant à sa première question posée. « Bah, tu sais avec un peu de détermination… » Je le taquine bien sûr en lui offrant un petit sourire en coin. « De toute façon dans ton état, tu ne pourras pas aller dans la partie profonde de la piscine. » Devant son regard de petit chiot suppliant, je ne peux pas, même en blague, lui refuser ma compagnie. « Bien sûr, je ne vais certainement pas te laisser y aller seul. » Des plans pour que des minettes tentent de lui tourner autour. En plus, blessé, cela va attirer la sympathie des demoiselles. La piscine est un excellent endroit pour draguer. La marchandise est, disons bien à la vue des regards. C’est pourquoi je n’y vais plus très souvent. Les regards me rendent terriblement mal à l’aise. C’est au tour de Damien de s’inquiéter de ma santé. Le bruit de mon estomac qui gronde lui arrache un rire. Je ne peux absolument rien lui cacher. C’est terrible ! « Hé oui ! Je te forcerai tout de même à manger un petit peu ! T’as maigri Ingrid, j’aime pas ça. » Il n’est pas le seul à ne pas aimer ça. C’est des kilos que je vais vite retrouver. Je ne m’en inquiète que très peu. Je le laisse finaliser la commande. Pendant, ce temps je ne peux m’empêcher de râler sur le fait qu’il ne fait absolument rien comme tout le monde. « Je ne suis pas comme tout le monde désolé… Tu n’as pas choisi le plus simple en tout cas. » Merci, Captain Oblivious, j’avais remarqué. « Tu n’as pas choisi la plus simple non plus…. » Je suis loin d’être simple. Ce que je lui ai laissé découvrir à l’hôtel n’est en fait que la pointe de l’iceberg. Je ne sais pas comment il va réussir à gérer ce que je n’arrive même pas à gérer moi-même. Alors qu’est-ce que je fais pour oublier ses sombres pensées, de l’évitement en venant l’embrasser. C’est que ça fonctionne comme méthode. Je laisse Damien se charger de récupérer notre repas, tandis que je m’empresse de me libérer de son jogging. J’en suis à mettre la touche finale quand il revient dans la chambre. Un sourire mutin sur les lèvres, je me soucis que de la nourriture et de l’expression de son visage. Ça m’amuse. « C’est que tu es une vile tentatrice en fait. Fais attention à la revanche que tu pourrais avoir, on verra qui va qui perdre le premier. » Un défi ? C’est une bonne idée. « Défi accepté ! Je ne vois pas comment, je pourrais… » C’est à ce moment que je le vois qui retire son t-shirt. Ce dernier rejoint le sol. « … perdre… » Merde, je ne peux m’empêcher de le détailler. Ouais, la danse c’est idéal pour sculpter un corps. Je me racle la gorge tout en piquant à nouveau dans ma salade. Un petit silence gênant s’installe. Non, non, non, pas ça ! Ingrid réagit ! « Honk! » C’est ce que je dis quand je viens piquer dans son assiette. Pour ensuite porter le tout à mes lèvres. Je lui offre une moue d’excuse tout en avalant ma bouchée. « Les vieilles habitudes sont tenaces… » C’est quelque chose que je partage avec de nombreux membres de ma famille. On pique tous dans les assiettes des autres. Après avoir terminé de manger, je jette mon emballage plastique dans le sac de livraison. « Tu veux bien éteindre la lumière du plafonnier s’il te plaît ? » Il n’est pas question que l’on se retrouve dans le noir, de toute façon j’ai du mal à dormir dans le noir complet. On se retrouve dans la pénombre que quelques secondes, car j’active la guirlande de lumières qui se retrouve au-dessus de ma tête de lit. Une lumière tamisée moins vit pour les yeux. « J’espère que ça ne te dérange pas ? » C’est Raph qui me les a installés pour faciliter mon sommeil quand je suis légèrement plus anxieuse. Je me glisse sous les couvertures en tapant doucement la place à côté de moi. « Tu viens me rejoindre ? »

Je dois lui donner ça. Damien a beaucoup de détermination. Les escaliers, je n’y avais pas pensé. Cela a dû être une sacrée galère pour lui de les grimper dans sa condition. La même chose pour affronter celle de son propre appartement. Étant plus habitué à un Damien légèrement plus réservé. Il me prend vraiment de court en retirant son t-shirt devant moi. L’effet qu’il y a sur ma petite personne est difficilement dissimulable. Un petit sourire fier que je ne lui connaissais pas encore se dessine sur ses lèvres pleines. « Ne serais-tu déjà pas en train de perdre ? » Un poil provocateur en plus. Ce n’est que le début de la partie. Je ne vais certainement pas m’incliner devant le premier « dragon » qui se présente à moi. On n’est pas dans Skyrim ! Je viens picorer dans son assiette pour chasser les idées qui s’amoncellent à la porte de mon esprit. Je m’excuse de cette manie même s’il en a déjà fait les frais lors de notre première sortie. D’ailleurs, il nous faudra organiser notre premier vrai rencart. Car, nos activités passées ensembles ne peuvent pas vraiment entrer dans cette catégorie si ? Le jeune homme vient piquer dans mon assiette à son tour. Cela me fait sourire et aussi beaucoup de bien. Je suis contente de pouvoir retrouver cette complicité que nous avions lui et moi. Après le repas, je lui demande gentiment d’éteindre la lumière du plafonnier. Quand j’allume la guirlande de lumières en forme d’étoile. Une ambiance douce qui appelle au repos s’installe. Je lui demande si cela l’indispose. En fait pas du tout, je me glisse sous la couverture en l’invitant à me rejoindre. « Je me change, puis j’arrive. » Je me rends compte que ce n’est pas une chose aisée pour lui. Dès que j’entends son gémissement de douleur, je me redresse tout de suite dans mon lit pour venir à son aide. « Attends, je vais t’aider. » Je sors du lit pour me mettre debout à côté de lui. « Appuie-toi sur moi. » Je glisse mon bras autour de sa taille. Je laisse courir mes doigts sur la peau nue de son dos. Je tente de ne pas regarder son caleçon, encore moins m’imaginer ce qui s’y trouve cacher derrière cette barrière de tissus. « Je te tiens. Tu ne tomberas pas. » Il réussit à glisser son autre jambe dans le jogging. Maintenant qu’il se trouve stabilisé sur ses deux jambes. Je peux le libérer de mon étreinte. Tout en poussant le vice à venir longer du bout des doigts l’élastique de son pantalon de sport. Un léger soupir quitte mes lèvres. C’est dommage, ouais, vraiment dommage, comme blessure. « J’ai des oreillers supplémentaires pour que tu puisses soulever légèrement ta cuisse pour dormir avec l’un d’eux. » Je lui pointe du doigt ma penderie avant de rejoindre à nouveau le confort de mon lit. J’attends qu’il s’installe confortablement à mes côtés. Je viens doucement caresser sa joue en souriant. « Dis-moi, tu le sais depuis combien de temps ? » N’ayant pas encore sommeil et puisque nous devons être sage tous les deux. Autant discuter un peu. « Je veux dire par là que tu m’aimes. Depuis combien de temps ? »

Il me trouve adorable. Il faut bien que je prenne soin de lui puisqu’il n’en a pas été capable. Il a suffi que de deux semaines de séparations et il se déchire un muscle. Remarque, ce n’est guère mieux de mon côté. Je le laisse s’installer pour qu’il soit le plus confortable possible. Cela me fait tout drôle d’avoir quelqu’un dans mon lit après tout ce temps. Ce n’est pas une sensation désagréable. Ma caresse sur sa joue attire son attention, ainsi que ma question posée. Mon regard se perd dans ses prunelles. « Sans te mentir ? Je crois que ça fait longtemps que je le sais. Je m’étais mis une pression de fou pour notre premier restaurant. C’est pas un signe que je voulais te plaire ? Disons que je faisais juste l’autruche à imaginer que ce n’était pas possible. »  Je me pince légèrement les lèvres à sa réponse. Faire l’autruche, j’aime bien son analogie. Forcément, moi aussi je me suis bien mis la tête dans le sable. Un frisson me parcourt l’échine quand je sens l’une de ses mains se frayer un chemin sous mon chandail. Son pouce venant faire des va-et-vient sur ma peau de mon ventre. « Et toi ? Ta question n’est certainement pas anodine. » Anodines, non, mes questions ne le sont jamais. Je souris en fermant les yeux en sentant ses lèvres sur mon front. C’est un moment, tellement doux et sécurisant. Le calme après une très longue tempête. « Le moment exact où je l’ai su, c’est quand je t’ai embrassé juste là. » J’accompagne mes paroles par le geste. Je dépose mes lèvres sur la peau tendre de son cou. Presque au même endroit que le baiser d’origine. Je remonte ensuite lui murmurer à l’oreille. « Si j’avais été plus aventureuse, je t’aurais fait ça aussi… » Je lui mordille gentiment le lobe de son oreille. Je m’éloigne ensuite en riant. Je dépose ma tête à nouveau sur l’oreiller. « Si tu m’avais retenu cette soirée. J’aurais probablement craqué. » Je marque une pause avant de rajouter. « On a été un petit peu lent sur la détente tous les deux. » Un rire s’échappe de mes lèvres. « Mais avec ce que tu as vécu et ce que j’ai moi-même vécu par le passé… je crois que l’on ne peut pas trop se flageller. » Les choses se terminent plutôt bien. Timidement, je viens chercher ses lèvres à nouveau. J’ai envie de sentir sa langue contre la mienne. Il y a un petit goût de mangue, ce qui n’est pas désagréable. Je sens que l’embrasser va devenir comme une sorte de drogue pour moi. Je ne pourrais pas m’en empêcher. Ingrid, ne craque pas. C’est un peu à contrecœur que je mets fin au baiser. Il y a un défi en jeu ! Je compte bien le gagner. « Comment tu t’en sors avec la librairie ? » Je fronce légèrement les sourcils en imaginant Damien essayer de se mouvoir dans les allées ou même placer les bouquins. C’est son gagne-pain, il ne peut fermer la boutique sur une si longue période. « Je peux te donner un coup de main ? Je peux très bien bosser sur mes contrats à la librairie. » Il me suffit d’avoir une bonne connexion Internet et mon matos. De plus, les livres regorgent d’idées pour m’aider avec mon inspiration. « Je ne veux pas entendre parler d’argent. Je serais payée de toute façon avec mes contrats. » C’est que l’environnement qu’il change, que je bosse chez moi ou ailleurs. Ça n’a pas de réelle importance. « Tu as des choses que tu voudrais savoir sur moi, joli cœur ? »

Le mordillage d’oreille semble faire son effet sur le jeune homme. Son petit grognement de plaisir est une douce musique à mes oreilles. Il faut croire que j’ai une excellente avance sur lui pour gagner le défi. Je lui avoue que les choses auraient pu très bien se dérouler différemment s’il m’avait retenu lors de notre soirée films d’horreur. « J’aurai tout de même dû te retenir… C’était dur de te voir partir… J’sais qu’on a tous les deux notre passé, mais il nous a pas mal empêchés de bien avancer… » Nos bagages sont lourds, je dois le reconnaître. J’avoue être légèrement craintive pour l’avenir. Enfin, l’inconnu apporte toujours son lot de peur et d’incertitude. Je sais après ces deux semaines d’horreurs que je préfère qu’il soit dans ma vie. Même si je suis légèrement effrayé d’entamer une relation amoureuse à nouveau. « C’était dur aussi pour moi. Il faut juste apprendre à se connaître, s’apprivoiser. » Je viens chercher ses lèvres. Un goût de mangue roule sur ma langue. Damien ne reste pas immobile tandis qu’il se redresse pour se placer au-dessus de moi. Un petit rire m’échappe quand il quitte mes lèvres pour venir enfouir son visage dans mon cou. Les battements de mon cœur s’accélèrent. Je ressens une douce chaleur dans le bas de mon ventre. Un gémissement de plaisir quitte mes lèvres tandis que je sens mon corps s’arc-bouter légèrement contre le sien à la sensation de ses lèvres dans mon cou. Comme on aurait dû le prévoir, je remarque une grimace de douleur qui apparaît sur le visage de mon aimé. Il reprend sa place initiale dans le lit. « On n’est pas raisonnable… » Une petite remontrance que je fais pour nous deux. Je décide donc de reprendre la conversation et de partir sur un sujet qui ne risque pas de nous faire déraper. Je lui demande comment il se débrouille pour la librairie. « Tu seras étonnée si je te répondais, difficilement ? Les béquilles ce n’est pas pratique quand je dois ranger les rayons. » Le contraire m’aurait réellement étonné. C’est pour cette raison que je lui propose mon aide. « Seulement si ça ne t’empêche pas de bosser sur tes propres travaux ! Je ne voudrais pas que tu mettes tes projets de côté pour moi. » Je secoue la tête négativement. Il n’y a pas de risque, enfin si l’on est en mesure de rester professionnel tous les deux. De plus, ce ne sera pas la première fois que je viens travailler sur mes projets sur son lieu de travail. Bon d’accord, la situation est légèrement différente. Je refuse qu’il me paye, mais cela ne semble pas lui plaire tout à fait. « Bien, je trouverai un autre moyen de te payer alors ! » Je roule des yeux à son commentaire. « Pourquoi, je ne suis pas surprise ? » Je ris quand il m’attire à nouveau contre lui. Je lui demande s’il y a des choses qui voudraient savoir à mon sujet. « Tout, Princesse, mais ça prendra son temps. Déjà, je sais que faire ça, ça te fait ronronner. » Il vient glisser une main dans mes cheveux pour y jouer avec quelques-unes de mes mèches. Un léger grognement de satisfaction traverse la barrière de mes lèvres. Ce n’est pas bien. « Il faut que je te dise quelque chose… » Le ton de ma voix est légèrement plus sérieux. Je suis désolée d’avance de ce que je vais lui avouer. Surtout que c’est quelque chose de méga important. Je me mords la lèvre en le regardant d’un air désolé. « Même si tu n’étais pas blessé, on ne pourrait rien faire… »  Gênée, je fuis son regard. « Je n’ai pas de préservatifs et je ne prends plus la pilule depuis le mois de février… » Ce n’est pas avec l’ami de la célibataire que je risque de me retrouver avec un bébé sur les bras. « Je vais régler ce petit souci de mon côté rapidement… » Je marque une pause avant de rajouter d’un air un peu triste. « Je comprendrais que tu veuilles dormir chez toi, si tu trouves ça trop difficile… »

Je me sens mal de lui annoncer aussi platement que l’on ne pourra rien faire même si on le voulait. Surtout que je me suis amusée à le chauffer délibérément. Je sens la main de Damien qui caresse tendrement ma joue. Je lève à nouveau les yeux vers lui en lui offrant un sourire timide. « J’avais peur que tu m’annonces autre chose. Ce n’est rien du tout. Les deux problèmes peuvent vite être réglés, tu sais. On sera sage pour l’instant c’est tout. » Lui annoncer autre chose ? Comme quoi ? Est-ce que cela a réellement de l’importance ? Je rajoute, que je vais comprendre s’il désire rentrer chez lui, même si ça me brisait le cœur de le voir partir pour si peu. « Difficile ? Ce sera même pire ! Mais je ne vais pas partir maintenant tout de même ? À moins que tu ne me jettes dehors ? Je compte bien rester pour la nuit. » Je me soulève légèrement pour prendre appui sur l’un de mes coudes. Difficile ? Je pousse un soupir de soulagement que malgré le défi, il compte bien rester auprès de moi toute la nuit. Je reviens me blottir contre lui comme le ferait un bébé koala contre sa mère. Je viens lui caresser la peau de son ventre du bout des doigts. Je m’amuse à dessiner des cercles et d’autres multitudes de formes sur sa peau. « Je ne vais pas te jeter dehors. Je veux que tu restes. Je ne veux plus te voir partir. » J’ai dû mal à retenir un bâillement. Je viens ensuite me frotter les yeux, car j’ai dû mal à les garder de plus en plus ouverts. Le manque de sommeil de ces derniers jours m’engourdit. Pour que Morphée revienne me rendre visite, il fallait simplement que mon prince/pirate revienne à moi ? « J’ai du mal à garder les yeux ouverts… » Je voudrais bien combattre le sommeil encore, mais mon corps me lâche petit à petit. « Damien... je t’aime. » Je l’embrasse une dernière fois avant de fermer les yeux et me laisser submerger par le sommeil. Je n’ai pas une nuit agitée comme celles dont j’ai l’habitude. J’ai l’impression d’avoir dormi sur un petit nuage tout doux. Je sens comme un poids contre mon corps. Je grogne tout en émergeant de mon sommeil. Je remarque la présence de Damien à mes côtés. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Alors ce n’était pas un rêve. « Bon matin, joli cœur. »  Je le regarde pendant quelques secondes avant demander doucement. « Rassure-moi, tu ne vas pas faire une crise comme la dernière fois ? » J’ai du mal à garder mon sérieux et à ne pas rire de ma petite provocation.

Un petit bisou sur le front et une promesse faite. C’est tout ce dont j’avais besoin pour me sentir en sécurité. Le jeune homme me borde doucement en ramenant la couverture sur nous. Je perds de plus en plus pied pour sombrer dans le sommeil. Un sommeil que j’ai boudé pendant trop longtemps. À mon réveil, je suis surprise de constater que Damien est sorti de son sommeil. Je suppose que sa jambe ne l’a pas laissé dormir en paix ou dû moins, pas comme il l’aurait voulu. « Bonjour Princesse. » Je le taquine un peu sur ses humeurs matinales. Il rit avant de me donner une légère tape sur le bout de mon nez. « Hmm, si j’ai un baiser je ne fais pas de crises. Par contre si je n’en ai pas, je pense qu’il pourrait y avoir une crise ce matin. » Je fais mine de réfléchir à cet épineux problème. « Tu me places devant un sérieux problème, mon cher. » Je pouffe de rire avant de me soulever légèrement pour venir chercher ses lèvres. Il n’y a rien de mieux que de se réveiller auprès de la personne que l’on aime pour bien commencer la journée. Un miaulement sonore attire mon attention. Sur le pas de ma porte se trouve Morgan. Je lève les yeux pour voir Dexter assis bien droit sur la table de chevet à nous fixer de ses prunelles vertes. « Bon… ils ne vont pas nous laisser tranquilles tant aussi longtemps que je ne les ai pas nourris. »  J’embrasse à nouveau Damien pour ensuite me glisser hors du lit. « Prends ton temps, je serais dans la cuisine. » Je lui fais un sourire pour ensuite disparaître, direction la cuisine. Ma vie vient de retrouver une certaine stabilité.